La CM2 en Guinée à travers l'objectif d'un Polaroid — Assembly

Aïssatou Lamarana Diallo, 13 ans, capture sa maison dans la campagne guinéenne.

Après avoir réussi l'examen national d'entrée en septième année de la Guinée, Aïssatou Lamarana Diallo, 13 ans, s'apprêtait à quitter son village rural de Tolo et à déménager à Mamou, une plus grande ville à deux heures de route. Les quelques écoles de Tolo qui proposent un enseignement secondaire ne peuvent offrir qu'un programme partiel en raison d'une pénurie d'enseignants et ne peuvent pas accueillir les élèves au-delà de la 10e année, de sorte que les filles qui souhaitent poursuivre leurs études doivent quitter la maison. La sœur aînée d'Aïssatou, Kadiatou, était déjà à Mamou sur le point d'entrer en 10e année, et Aïssatou s'apprêtait à dire au revoir à ses autres frères et sœurs et à rejoindre Kadiatou là-bas pour l'école secondaire.

Mais le 5 septembre 2021, un coup d'État militaire a renversé le président guinéen. Bien que la transition vers le régime militaire intérimaire n'ait pas affecté la vie quotidienne de la plupart des Guinéens, le père d'Aïssatou a décidé de la garder près de chez elle et de sa famille pour le moment.

Dans le cadre d'une collaboration entre Malala Fund et 1854 Against All Odds, la photographe guinéenne Hady Barry a entrepris de documenter les premiers jours de lycée d'Aïssatou à Tolo. Pour Hady, dont le père a grandi dans le village, le projet a été l'occasion de laisser Aïssatou raconter sa propre histoire. « Je ne voulais pas juste me présenter à Tolo, prendre des photos d'Aïssatou de mon point de vue limité, puis continuer mon joyeux », explique Hady. Au lieu de cela, elle a donné à Aïssatou un appareil photo Polaroid à emporter à l'école, documentant la vie telle qu'elle se passait autour d'elle.

A travers ces photos, prises entre la rentrée d'octobre 2021 et décembre 2021, date à laquelle les Polaroids se sont épuisés, Aïssatou partage des détails sur sa vie à Tolo - son voyage à Tolo pour l'école, le magasin de provisions de sa mère et sa vache familiale, Arsiqué . "J'aborde ce projet comme un cadeau pour les téléspectateurs", déclare Hady. "C'est un immense privilège d'être accueillie dans la vie d'une jeune fille."

Lisez la suite pour en savoir plus sur Aïssatou alors qu'elle commence la septième année à Tolo.

C’est moi Aïssatou Lamarana Diallo. J’aime le rouge parce-que c’est joli. Je quitte GadaBarrage (NDLR : « GadaBarrage » est un quartier de Tolo dont le nom signifie « là-bas près du barrage ») et je viens à Tolo pour étudier à l’école. J’ai 13 ans. Je suis en septième année au collège de Tolo Centre.

J’ai tiré cette photo à côté de la fenêtre de ma chambre parce que c’était joli. J’ai aimé les fleurs et le ciel bleu.

C’est ma chambre où je dors avec ma mère. J’ai aimé mes sacs et ma mère à la lumière de la lune.

J’ai vu une photo de ma mère avec ma vache. La vache s’appelle Arsiqué, ça veut dire “Chance”. J’ai tiré la photo devant la cour de chez moi. J’ai tiré la photo parce que ma mère était jolie.

La boutique de ma mère. Elle y va chaque jour pour vendre du piment, les boîtes de tomates, de l'arachide, les oignons, le Maggi et de l’huile rouge. Toutes les personnes viennent acheter, les hommes et les femmes.

Voici mon père, il s’appelle Thierno Foula Baillo Diallo. Il a quatre femmes. Il a huit garçons et sept filles. Je suis la 10ème.

C’est mon sac. Je l’ai acheté à Mamou avec mon père. C’est mon sac d’école. J’y mets les cahiers, les bics et la boîte à outils en mathématiques. J’aime sa couleur noire.

C’est ma grande sœur. Elle s’appelle Kadiatou Diallo. Il y a trois ans entre nous. Elle est en 1Oème année. Elle est partie à Mamou [la ville la plus proche] parce qu’il n’y a pas de 10ème année à Tolo.

C’est moi Aïssatou Lamarana Diallo. J’ai porté ma tenue d’ école. C’est ma pose préférée. Après l’école je veux travailler dans la santé pour soigner les gens.